Mireille de l’émission Première heure rend visite à CSI

Mercredi 9 février 2022 – Extrait des points saillants de l’entrevue entre Mireille Roberge de Radio Canada,  Jacques Paradis et de CSI :

Mireille R.- Est-ce que tout le matériel qui est dans l’ entrepôt vient essentiellement du Québec ? Jacques P.- Ici, je dirais qu’environ 95 % du matériel provient effectivement du réseau de la santé du Québec.

Mireille R. Qu’est-ce qui explique que le milieu hospitalier, les compagnies pharmaceutiques, etc. s’en débarrassent ? Jacques P. En fait, il ne s’en débarrassent pas. Ensemble, on donne une 2e vie à du matériel  qu’on pourrait qualifier de «déclassé», c’est-à-dire qu’il ne respecte plus les normes du réseau de la santé ou du ministère. Ce sont des équipements encore fonctionnels mais, pour toutes sortes de raisons, par exemple, le manufacturier n’offre plus le service ou les pièces ne sont plus disponibles, le ministère en dispose et nous les récupérons. C’est ainsi que nous donnons une 2e vie utile à ces équipements à l’intérieur de projets d’ aide humanitaire car l’organisation mondiale de la santé (OMS) aura des critères moins élevés qu’au Canada.

Mireille R. Vous avez dit tantôt des cueillettes à tous les jours ? On estime que ce sont 600 cueillettes réalisées par année soit 300 tonnes de matériel avec du bon et du moins bon. Bien sûr, vous devez faire un tri. Vous m’avez confié que vous estimiez que 70 % de ce que vous récupérez du milieu hospitalier peut avoir une 2e vie. Cela enclenche tout un travail de réparation aussi. Au-delà d’être un entrepôt, CSI est donc un atelier de réparations. Jacques P. Ça, c’est la clé du succès de Collaboration Santé Internationale ! En fait, on parle de 300 tonnes de matériel à trier. Et CSI c’est avant tout 60 bénévoles qui viennent ici tous les jours et qui nous donnent plus de 13000 heures de travail par année. Ils nous appuyent en quelque sorte dans les projets d’ aide humanitaire et parmi ces bénévoles, il y a plusieurs retraités de la santé. On a par exemple, 3 pharmaciens, des infirmières et des techniciens en génie ou en génie biomédical qui vont remettre à niveau les équipements avant qu’ils soient expédiés dans le monde. Nous n’envoyons rien qui ne soit pas fonctionnel.

Mireille R. Vous dites que vous avez des bénévoles spécialistes qui sont en relation avec le pays destinataire, qui lui aussi [compte des] spécialistes au bout. Ceux-là se parlent pour s’ assurer que le matériel que vous acheminez sera bien utilisable là-bas ?

Mireille R. J’ai le plaisir de parler avec un pharmacien à la retraite, parce qu’ils sont nombreux les spécialistes en santé à venir donner un coup de pouce à l’organisation. Il s’ appelle Michel Riou. Bonjour Michel, alors vous êtes à la retraite depuis environ 7 ans, mais vous connaissiez déjà l’organisme avant votre retraite, en tant que pharmacien à Beaumont. C’est un organisme avec lequel vous aviez l’habitude de collaborer. Michel R.- Oui, j’ avais l’habitude de collaborer parce que jamais beaucoup leurs valeurs et leur vision. Ce qui m’ importait c’était de pouvoir aider des pays à l’étranger avec du matériel et des médicaments. Je fournissais des des produits de premiers soins. 

Mireille R.– Racontez-moi un peu à quoi ressemble votre journée type et comment se fait le tri de ce que vous décidez d’envoyer dans tel ou tel pays. L’expertise est essentielle ici. Michel R.-  Nous sommes 3 pharmaciens qui assurerons le service sur 3 jours par semaine avec Monsieur Bérubé et Monsieur Lauzier. Ce que l’on fait ici c’est la sélection des médicaments que l’on envoie à l’étranger, on sélectionne des médicaments qui vont remplir des buts bien précis, pour des soins de base adaptés en Afrique, en Amérique latine  ou en Asie. À partir des contacts directs avec les centres de santé. Mireille R. Oui, vous êtes un spécialiste ici au Québec et la personne avec qui vous parlez, par exemple au Sénégal, sera aussi un pharmacien ou un médecin. Là , vous vous assurez de parler le même jargon et de répondre réellement aux besoins de la communauté là-bas ? Michel R.- Oui, on envoie une liste précise de médicaments que le centre nous retourne. C‘est aussi au travers des échanges entre toute l’équipe et la direction. 

Mireille R.- Est-ce qu’il y a des médicaments que vous refusez d’ envoyer? Michel R.-  On doit se limiter dans les coûts parce qu’on est tributaire des dons de nos donateurs. Tous les dons, c’est souvent pour nos envois de médicaments.

Mireille R.- Jacques, dites-moi en quoi cette crise sanitaire a eu comme impact sur les activités de CSI, par exemple sur l’approvisionnement ? Est-ce que vous êtes en mesure quand même de répondre autant aux besoins que vous l’ étiez avant la pandémie ? Jacques P. Oui, effectivement, on aurait pu en moins. Mais finalement, on a réalisé autant de projets dans les deux dernières années. La pandémie n’a pas arrêter nos activités, mais l’impact a été beaucoup plus au niveau du financement.

Jacques P. J’aimerais souligner un dernier point en terminant. Tout ce qu’on fait ici, les 25 projets qu’on réalise par année seraient impossibles à réaliser sans à la fois, les bénévoles, comme je l’ai mentionné précédemment, et aussi nos partenaires, c’ est-à-dire le MSSS [ministère de la Santé et des Services Sociaux] et le MRIF [ministère des Relations Internationales et de la Francophonie] et nos autres partenaires dont les fondations privées qui nous soutiennent dans nos projets. Mireille R.- Oui parce qu’il faut dire, vous êtes le seul organisme vraiment accrédité par le ministère de la santé pour faire ce genre d’ envoi ! 

Mireille R.- Merci beaucoup, Michel, d’avoir témoigné de votre expertise comme pharmacien. Merci Jacques. Merci et bonne chance pour la suite. Avec tout ce matériel Claude qu’on envoie chaque année, aujourd’hui celui-ci  part pour le Sénégal. Quel travail. Bravo aux bénévoles !